Yo les gens ! On a déjà causé peinture, on a causé un peu du jeu, donc pour clore le sacro-saint triptyque du Hobby, mon nouvel article ne peut que porter sur le Fluff, le Lore, le Background ! Bref on va raconter des histoires. Et de fait quoi de mieux qu’une thèse de comptoir sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur : l’Alpha légion !
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Sources Expérimentales :
« Je suis Alpharius » ;
« Legion c’est le meilleur roman de la Black Library » ;
« L’Alpha Légion c’est mon armée de cœur depuis la V8 » ;
« Je joue de l’Alpha Légion de Nurgle » ;
« J’infiltre mes Berzerker de Khorne de l’Alpha Légion » ;
« Mon Prince Démon de l’Alpha Légion pète la classe » ;
« J’ai mis un Helldrake dans mon Alpha Legion pour rester Fluff » ;
« Je joue mon Alpha Legion avec le codex Loyaliste depuis la V4 » ;
« L’Alpha Légion n’utilise ni mutants, ni démons » ;
« L’Alfa Laigion cai dé gantilles ! » ;
« Je suis un Brocoli » ;
« Les Joueurs Alpha Légion c’est le nouveau cancer du Hobby, ils ont remplacé les Khorneux et leur « Du sang pour le dieu du Sang » par des teubés qui se rasent la tête et qui s’appellent tous Alpharius »
*cette récolte d’informations a été réalisé par Alpharius, ou peut-être Omegon. En tout cas une source à la fiabilité et à l’objectivité clairement douteuse.
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Hypothèse Déductible : Qu’est-ce qu’un joueur Alpha Legion et peut-il y’avoir consensus sur le Fluff de cette Légion ?
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Introduction
Commençons par traiter les généralités pour ceux qui ignoreraient ce qu’est l’Alpha Légion. Il s’agit de la vingtième Légion Astartes créée par l’Empereur il y’a 10,000 ans de cela pour mener sa Grande Croisade et recréer un Empire de l’Homme à travers les étoiles, sous l’égide de la sagesse et du développement scientifique. L’Alpha Légion, comme ses homologues, est composée de Space Marines, des surhommes génétiquement modifiés pour être les soldats d’élites de l’Humanité, et tous basés sur le génome d’un Primarque précis. Les Primarques ont eux-mêmes été créés par l’Empereur dans le but de lui servir de généraux et de conseillers. Et le Primarque de l’Alpha Légion est un homme discret et pragmatique du nom d’Alpharius.
Alpharius a toujours été un mystère pour ses frères Primarques. De fait il s’agit du seul Primarque à ne pas avoir été retrouvé par l’Empereur suite à l’incident Himalayen. Il a pour cause été redécouvert par Horus, Primarque des Luna Wolves, lors d’un raid de pirates sur sa flotte expéditionnaire. Il a également été retrouvé relativement tard, ce qui ne lui a pas permis de s’affirmer par ses exploits durant la Grande Croisade comme ses frères. Il en a découlé un retrait assez prononcé du Primarque vis-à-vis de sa fratrie, à l’exception notable d’Horus avec lequel il a noué une relative affinité. Cette distance d’Alpharius n’alla pas en s’arrangeant du fait de sa rivalité ouverte avec Roboute Guilliman, dont les remarques acerbes au sujet des méthodes de combats de l’Alpha Légion furent plus que suffisantes pour creuser encore le fossé entre Alpharius et ses pairs.
De fait l’Alpha Légion utilisait des stratégies assez peu orthodoxes dans la machine de guerre impériale. Usant de désinformation et de sabotage, la légion prônait une utilisation de la connaissance et de la sape comme d’une arme suffisamment efficace pour ne pas nécessiter un affrontement direct et les pertes immanquables qui y sont généralement associées. Cela faisait de l’Alpha Légion, la Légion avec le moins de perte matérielle et humaine de la Grande Croisade, mais cela lui donnait également une image de lâcheté auprès de ses frères des autres légions, particulièrement du point de vue des Spaces Wolves, des World Eaters, et bien sur des Ultramarines de Guilliman.
Durant l’Hérésie, Alpharius rejoignit presque de manière naturelle le camp du Maitre de Guerre, seule personne à apprécier ses talents à sa juste valeur. Et se fit une joie de prouver l’efficacité de ses méthodes contre ses propres frères, participant au massacre de la piste d’atterrissage, lors du conflit d’Isstvan qui démarrera officiellement la période sombre de l’Hérésie d’Horus. Au 41ème millénaire il est officiellement admis qu’Alpharius est mort des mains de Roboute Guilliman durant la bataille d’Eskrador, et que son corps fut brulé par le Primarque des Ultramarines dans un buché funéraire. Cependant la fiabilité de ces sources est aujourd’hui remise en question par l’Inquisition, et on estime qu’il y’a environ 67.7% de chance qu’Alpharius soit mort d’une autre manière, ou bien encore à la tête de sa Légion d’une manière ou d’une autre. 1
On apprend également de manière sommaire que malgré son affiliation aux renégats, l’Alpha Légion est une des rares Légions Chaotique à ne pas utiliser ouvertement les artifices des dieux noirs au combat, et à ne pas vénérer l’une ou l’autre des facettes du panthéon Chaotique. Ainsi il est de notoriété publique que l’Alpha Légion (Tout du moins ses Space Marines) n’invoque pas de démons, ni n’utilise de machines démoniaques, et toise d’un regard méfiant toute mutation trop visible parmi ses troupes Astartes, à priori car cette légion prenait un malin plaisir à se faire passer pour des Loyalistes afin d’attaquer les mondes impériaux et semer ainsi le trouble. Pour compenser cette lacune en ressource démoniaque l’Alpha Légion ne se privait cependant pas d’une l’utilisation massive d’agents humains et de cultistes du chaos pour accomplir la basse besogne et au besoin profiter des avantages indéniables du Warp par leur intermédiaire. 2
Ces quelques bribes d’archéo-fluff furent pendant longtemps la seule source de savoir accessible aux joueurs de l’Alpha Légion concernant leur armée. Et le coté vague de ces informations, volontairement mis en place par Games Workshop pour accentuer l’aura de mystère autour de la Légion, n’aida pas à créer un consensus sur le destin d’Alpharius et sur son influence lors des événements de l’Hérésie.
Ce fait changera en 2008 avec la sortie de Légion, un roman de la Black Library, mettant en avant comme protagoniste principal Alpharius et l’Alpha Légion. Ce fut un véritable bouleversement dans la perception du Fluff de cette Légion, auparavant relativement anecdotique, mais qui avec ces nouveaux éléments devient un élément central de l’Hérésie d’Horus. On y apprendra entre autres qu’Alpharius est sommairement un Primarque suffisamment petit pour se faire passer pour un Astartes lambda, qu’il joue sur ce fait pour dissimuler son identité, et qu’il possède, fait important, un frère jumeau parfait nommé Omegon, dont l’existence n’est connue que de lui et des officiers de la Légion, permettant de semer encore plus de trouble dans la perception externe de son identité. 3.
Cependant le fait le plus important que l’on apprendra dans ce roman, est la véritable raison qui poussera l’Alpha Légion à rejoindre le Chaos, mais également le pourquoi du comment de cette réticence à utiliser les pouvoirs de la Ruine. Cette raison est en fait un regroupement de races Xenos appelé la Cabale, qui a pour vocation de combattre le Chaos par des moyens plus exotiques que la majeure partie des peuples de la Galaxie. La Cabale part du principe que la source du pouvoir des Dieux du Chaos est la vénération et les émotions négatives des mortels, et que sans ces deux éléments, ils ne peuvent plus prendre pied dans le monde matériel pour y répandre leurs maux. De ce postulat ils ont rapidement estimé que la plus grande source de vénération et d’émotions négatives de la Galaxie provenait d’une seule race : l’Humanité. Ils ont donc échafaudé un plan afin de provoquer l’extinction du genre humain et ainsi amputer les Dieux du Chaos d’une grande part de leur source de puissance. Plan dont la pierre angulaire fut l’Alpha Légion. Ils parvinrent assez facilement à convaincre Alpharius du bien fondé de leur cause, et le Primarque eut pour mission de jouer les agents triple entre l’Imperium, le Chaos, et la Cabale. Alpharius avait pour objectif par ce moyen d’attiser les conflits naissants qui allaient mener à l’Hérésie d’Horus, et devaient par ce biais soutenir le Maître de Guerre, car les prophètes Eldars de la Cabale avaient prédit qu’une victoire d’Horus provoquerait immanquablement une disparition des Hommes à court terme, du fait de l’effondrement de l’Imperium et des diverses menaces extérieures qui pourrait alors se repaître du cadavre de l’Humanité sans défense.
Ce plan ne fut malheureusement pas couronné de succès. Et Horus ne remporta pas la victoire. Au contraire l’Imperium survécut puis sombra rapidement dans un état d’obscurantisme renforçant encore plus l’emprise du Chaos sur la Galaxie. L’action de l’Alpha Légion provoqua donc l’effet inverse du but recherché …
A la lumière de ce nouveau Fluff beaucoup de monde s’attacha à cette armée jusqu’ici l’apanage de quelques fans éparpillés. Ce côté « gentils » prêt à sacrifier tout ce pourquoi il se sont toujours battu pour défendre une cause encore plus grande a un petit côté tragique qui, admettons-le, ne manque pas charme. Il permet également de créer une subtilité supplémentaire dans l’équilibre Bien/Mal de l’Univers de Warhammer 40,000 ce qui n’est jamais perdu dans un background où ces notions ne sont que des codes fumeux déformés par une guerre sans fin. Ainsi qu’est-ce qui fait le sel d’un joueur Alpha Légion ? Je vais tenter d’y répondre par le prisme de mon expérience personnelle.
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Chapitre 1 : Je suis Alpharius
Aujourd’hui, ce qui définit un joueur de l’Alpha Légion se cantonne essentiellement à deux choses. D’une part un ressort comique et un troll sur la devise de la Légion « Je suis Alpharius » faisant référence au fait que n’importe qui, voir n’importe quoi, peut être le Primarque de l’Alpha Légion, et surement la chose à la quelle on pense le moins. Cette devise est rapidement devenue un mème dans le milieu du Hobby, au point d’atteindre le niveau d’insupportabilité de la devise des World Eaters « Du Sang pour le Dieu du Sang, et des Crânes pour le Trône de Khorne ». Mais c’est également un symbole du caractère changeant de l’affection des joueurs pour une armée, subodorant la qualité des règles de l’armée. Puisque de la même manière que la V3 avait vu naître une part non négligeable de fans des Iron Warriors, la V8 a révélé au monde une forte population de joueurs dont « l’armée de cœur » est soudainement devenue l’Alpha Légion. Ce qui en soit, bien que commun à d’autres factions, reste également un ressort comique de cette Légion, en tout cas en ce début de V8.
Mais il serait faux de réduire l’Alpha Légion à un vulgaire mème internet. L’Alpha Légion a un charme et une identité à part parmi ses homologues des autres légions. Elle possède deux Primarques au lieu d’un, ce qui en fait une légion atypique au même titre que les Blood Angels ou les Thousands Sons qui ont également un Primarque sortant des sentiers battus. Mais c’est surtout son Fluff qui présente ce coté atypique. Depuis les débuts de Warhammer 40,000 l’Hérésie d’Horus a toujours été dépeinte comme un conflit manichéen, humano-centré, et dont les tenants et les aboutissants étaient clairs. Mais l’ajout de la Cabale, et le nouvel objectif de l’Alpha Légion, permet d’intégrer à ce binôme un troisième camp avec des motivations annexes à l’histoire principale. L’Hérésie d’Horus n’est plus une simple guerre civile dans l’Empire de l’Homme, c’est un événement majeur pour toutes les races de la galaxie, et la mise au jour de la menace que représente le Chaos pour l’univers matériel et pas uniquement pour l’Imperium. C’est également une manière de diluer la notion de bien et de mal dans ce conflit, de la même manière que l’Empereur est dépeint dans la saga comme un être moins bon et honnête qu’il n’y parait, et qu’Horus n’est pas non plus la créature du mal sans morale que l’on s’imaginait, mais un être torturé et en proie au doute et à la corruption, aussi bien du chaos, mais également à celle de ses frères.
Un autre élément attirant dans l’Alpha Légion est son style de jeu. L’Adeptus Astartes a l’avantage de proposer à ses fans une multitude d’identités et de styles, permettant à tout le monde de s’identifier à l’une ou l’autre de ces légions, voir même de créer son propre chapitre. L’Alpha Légion n’y fait pas exception, et nous présente les Space Marines comme des combattants discrets, expert du sabotage, de la désinformation, et du subterfuge. L’archétype du traitre, usant de méthodes douteuses, à la manière d’un Ninja de notre monde. Et dieu sait que les ninjas sont un archétype populaire.
L’Alpha Légion a donc objectivement tout pour plaire. Mais est-ce qu’aimer cette légion est suffisant pour en saisir la portée ? Beaucoup de gens apprécient une Légion pour un caractère précis plutôt que pour son ensemble. On a ceux qui joue Alpha Légion pour profiter de leurs règles, ceux qui aiment le background atypique, ceux qui aiment leur schéma de culeur, ou encore ceux qui cherchent un moyen de jouer des méchants Space Marines sans forcément taper dans du démoniaque. Quelle vision prédomine alors ? Qui est légitimement apte à dire « Mon Alpha Légion respecte le Fluff » ?
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Chapitre 2 : Double personnalité.
Il y’a essentiellement deux points de litige qui animent les débats autour de l’Alpha Légion. Il s’agit de leur utilisation des pouvoirs du Warp, et sur leur allégeance au 41ème millénaire. Nous ignorerons allégrement dans ce débat les optimisateurs qui jouent de l’Alpha Légion uniquement pour leurs règles sans tenir compte du background à un moment ou à un autre, ainsi que ceux qui se contentent d’aimer le schéma de couleur sans se préoccuper du reste, non pas parce que c’est mal de le faire (chacun fait ce qu’il veut), mais parce qu’il n’y a pas de débat à avoir sur ce sujet, et que fondamentalement ces gens n’ont eux-mêmes que peu ou pas d’intérêt pour la notion de respect du Fluff dans le jeu.
Sur le sujet de l’utilisation des pouvoirs du Chaos nous différencierons plusieurs aspects. L’Invocation Démoniaque, les Mutations, la Possession Démoniaque, et le Culte. Il est important de séparer ces quatres aspects dans l’utilisation du chaos, car ils sont représentatifs de plusieurs visions du Warp. De manière typique, l’exemple des Iron Warriors est celui qui saute aux yeux dans ce débat. Les Iron Warriors sont la légion renégate la plus pragmatique existante, et le Chaos est une source de pouvoir non négligeable qu’il serait idiot de ne pas utiliser. Mais pour autant il est connu que les Iron Warriors sont athées, et ne vénèrent en aucun cas les Dieux Noirs. Pour eux le Warp n’est qu’une source de puissance à dompter et à exploiter, et clairement pas un maitre à qui se soumettre.
Et il est très facile de vouloir faire un parallèle entre cette vision et l’Alpha Légion. En particulier pour les joueurs les plus anciens qui ont connus l’archéo-fluff avant la sortie du roman Légion. Le Codex Marines du Chaos V3 était particulièrement vague à ce sujet. Que ce soit pour les Iron Warriors, l’Alpha Légion, ou les Night Lords, leur distanciation vis-à-vis des dieux du chaos était libre d’interprétation. Certains les affiliaient au Chaos Universel, d’autres en faisaient des athées, d’autres encore ne se posaient même pas la question et traitaient cette propension à ne pas vénérer les dieux comme une tendance de la faction et non pas comme un tabou inexpugnable. Ce dernier point de vue étant par ailleurs propulsé sur le devant de la scène avec la sortie de l’Index Astartes I, traitant des Iron Warriors, et incluant pour la première fois dans le fluff des cultes de Khorne au sein de la Légion de Perturabo.
A mon sens cet écart, bien que globalement bien intégré par la suite, en particulier grâce au roman Déluge d’Acier. A fait beaucoup de mal aux deux autres visions de l’Athéisme de l’Alpha Légion. Et le clou a encore été enfoncé par la sortie en 2004 de Dawn of War, mettant comme antagoniste principal une Alpha Légion sommairement traitée comme une Black Légion lambda. Ainsi quand Légion est sortit cinq ans plus tard, le mal était fait, et la vision d’une Alpha Légion fondamentalement « classique » dans sa relation au Chaos était trop fortement implantée dans l’esprit des gens pour que la fixation du background imposée par le roman ne puisse faire consensus. C’est d’autant plus vrai qu’entre la V3 et la V7, plus rien n’est sorti en termes de règles dans les codex Marines du Chaos pour aider à différencier l’Alpha Légion d’une légion plus « codex » pour parler salement. Ainsi, même si officiellement l’Alpha Légion ne vénère pas les Dieux (c’est même tout l’inverse), il est encore des gens qui par habitude ou par mauvaise foi, voir même par ignorance, continuent d’inclure des cultes dans cette armée.
De la même manière, et pour les mêmes raisons, l’invocation et la possession démoniaque vont à l’encontre même de l’objectif de l’Alpha Légion qui est à terme d’empêcher les manifestations matérielles du Chaos dans notre univers. En invoquant des créatures du Warp, ou en les liant à des entités matérielles, machines ou êtres vivants, ils feraient le jeu des puissances de la ruine, en les aidant à maintenir leur présence dans notre monde. Il est donc parfaitement inconcevable d’inclure ce genre d’unités dans une armée de l’Alpha Légion qui se veut respectueuse du Fluff, et ce même sans tenir compte de Légion, car bien qu’aucune raison ne soit donnée pour ce fait, il est clairement établi depuis la V3 que l’Alpha Légion n’invoque pas de démons.
Enfin sur le sujet des mutations, on touche à un point plus subtil. Puisqu’il s’agit d’un concept fondamentalement incontrôlable, la corruption mutatrice du Warp n’a pas de raison d’épargner l’Alpha Légion plus qu’une autre. D’autant plus que, du peu que l’on en sait d’eux, ils se cachent, à l’instar de leurs alliés, dans les Failles Warp, en particulier le Maelstrom. Ainsi, à mon sens, il n’est pas déconnant, de voir apparaitre des mutations parmi les alpha légionnaires. Cependant il est également dit que l’Alpha Légion n’apprécie que moyennement (pour faire un euphémisme) les mutations trop visibles, qui les gênent dans leurs missions d’infiltration, et qui subissent donc des purges régulières. Ainsi, pour moi ces mutations doivent être discrète, à l’échelle d’un membre au maximum, et clairement pas au point d’inclure des Obliterators, des Possédés ou des Princes Démons à l’armée. Typiquement, les élus de Dark Vengeance sont pour moi le niveau maximum de déformation tolérée dans l’Alpha Légion, mais c’est un avis subjectif, et chacun est libre de placer la limite où il le désire. A noter qu’à titre personnel je n’inclus absolument aucun mutant dans mon armée, mais nous y reviendrons puisque nous allons à présent nous pencher sur la question de l’allégeance de l’Alpha Légion.
Fondamentalement, il est admis que l’Alpha Légion est rattaché aux Space Marines du Chaos. Mais pourtant fort est de constater que cette affiliation est quelque peu superficielle. En réalité, si l’on se base sur les événements de l’Hérésie d’Horus (nous verrons plus loin que ce n’est malheureusement pas si simple), on a plutôt tendance à ranger l’Alpha Légion dans le camp des « gentils », puisque opposé au Chaos. Voir même à les mettre dans une faction à part car malgré tout, ils cherchent à exterminer l’Humanité, ce qui en soit est certes sympa pour la galaxie, mais qui le fait plutôt moyen pour nous autres humains. C’est pour moi la catégorisation la plus logique, mais comme il n’est fondamentalement pas possible de créer un codex Alpha Légion unique (encore que, ça se discute), il fallait bien les rattacher à une faction, et il a été, somme toute de manière assez raisonnable, décidé de les placer dans le codex Space Marines du Chaos.
Si en termes de background cette décision se tient, et ne prête que peu à débat, cela provoque tout un lot de problèmes techniques en terme de style de jeu. Actuellement la direction prise par le codex SMC (et ce depuis la V4) tend à le caractériser par une vision « démoniaque » de l’Adeptus Astartes. Ce qui pour des factions fondamentalement chaotiques ne pose pas de problème, mais qui pour des factions plus neutres comme l’Alpha Légion, et à moindre échelle comme les Night Lords, voir les Iron Warriors, créait un paradoxe entre le style de « jeu » annoncé de l’armée, et les possibilités offertes par le codex. Typiquement l’Alpha Légion devrait faire un fort usage de l’infiltration, du sabotage, et de l’assassinat. Mais même si l’infiltration et le subterfuge sont plus ou moins rendu possible par le codex, fort est de constater que les SMC ne proposent aucune unité « subtile » dans sa liste d’armée. Il manque cruellement, si ce n’est entièrement, d’unités profitant du couvert, de snipers, et de moyens pour jouer sur l’information (par exemple via des effets influençant les stratagèmes). De plus en se privant volontairement de toute unité à caractère démoniaque, un joueur Alpha Légion respectueux du Fluff se retrouve à faire ce qu’il peut avec en somme une liste Space Marines Loyaliste du pauvre et très peu d’options.
Raison pour laquelle j’ai, à titre personnel, décidé dès la V4 de jouer mon Alpha Légion en utilisant le codex Space Marines, plutôt que celui du Chaos. Cela me donne accès aux Scouts, qui sont fondamentalement l’unité typique d’une force d’infiltration, mais également à beaucoup plus d’options non-démoniaques afin de varier mes listes et ma façon de jouer selon mes envies. Tout en n’étant fondamentalement pas anti-fluff vis-à-vis de l’armée, puisqu’elle a tendance à copier les armées Loyalistes et à se faire passer pour un agent de l’Imperium au moment d’attaquer une planète afin de provoquer des troubles et des révoltes. De plus, depuis la V8, j’ai également la possibilité de facilement aligner des agents humains spécialisés, dont est friand l’Alpha Légion, via un détachement de garde impérial, ou d’assassins. Bref que du bonus en somme. Cependant ma vision de l’Alpha Légion n’est qu’un avis subjectif, et il est un point que de nombreuses personnes qui la partage oublient. Je vais donc me faire l’avocat du diable, et exposer le contre-argument des réfractaires à cette vision « loyaliste » de l’Alpha Légion.
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Chapitre 3 : « Il n’est rien que n’altère le temps destructeur. »
Il est bien tentant de se dire que, droite dans ses bottes, l’Alpha Légion ne s’est jamais détournée de son objectif. De la même manière que les Thousand Sons, autrefois loyaux, ont sombré dans la vénération de Tzeentch, il est tout à fait probable que des cellules de l’Alpha Légion, et divers seigneurs de guerres, se soient fourvoyés en embrassant la cause du Grand Ennemi. Dix mille ans est un temps extrêmement long, au court du quel, même des loyalistes de base peu exposé à la tentation du chaos, on put sombrer dans la corruption et l’hérésie. Et l’Alpha Légion n’est pas moins faillible que les Red Corsairs, les Blood Ravens, ou les Dark Angels. Tout comme ces derniers ils peuvent succomber à la tentation, et c’est l’argument souvent employé pour justifier l’utilisation d’éléments démoniaques dans une armée d’Alpha légionnaires.
En soit le concept n’est pas qu’un argument de mauvaise foi, et se tient en termes de Background. Là où la plupart des Légions (mais pas toutes), possèdent une hiérarchie et une structure plus ou moins stricte, l’Alpha Légion n’est pas une entité unique. Il s’agit plus d’un regroupement idéologique d’une infinité de petites cellules indépendantes, ou chaque officier ou seigneur de guerre est capable de prendre des décisions seul sans avoir besoin d’une tête pensante comme un Primarque ou un Maître de Chapitre. Chaque Alpha Légionnaire est d’ailleurs formé dans cet esprit d’initiative et d’indépendance, au point où n’importe le quel d’entre eux est capable de se faire passer pour Alpharius, aussi bien en termes de comportement que d’apparence si la situation l’impose.
De fait toutes ces cellules isolées, peuvent évoluer de manière indépendante, et très rapidement, sans la sécurité d’une structure commune. Il est donc tout à fait pertinent d’estimer que certaines de ces entités peuvent selon le fil des événements, se dévoyer, et finir par abandonner leur idéal. Surtout avec l’amertume, le découragement et la haine associée à 10,000 ans de guerre ininterrompue pour un idéal dont aucun résultat visible n’a fait mine d’apparaître malgré les éons.
C’est un thème passionnant pour créer un Fluff personnel pour son armée de l’Alpha Légion. Une cellule qui petit à petit sombre dans le désespoir, et finit par rejoindre l’ennemi qu’elle est sensée combattre. Peut-être y’aura-t-il des dissensions dans cette armée ? Peut-être même des conflits internes. Ou bien possiblement, cette armée, tel un inquisiteur radical, tentera de retourner les armes de l’ennemi contre lui, et se laisserai submerger par sa quête d’un pouvoir toujours plus grand ? C’est le parti pris que j’ai eu pour écrire le Backgroud de mon armée.
Les possibilités sont infinies, et en cela, malgré ma langue toujours acerbe quand je vois une armée de l’Alpha Légion Chaotique au-delà de toute rédemption, je reste conscient que c’est une possibilité aussi bien en termes de Fluff, qu’en terme de Modélisme, et que la force du Hobby est de faire travailler notre créativité.
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Conclusion
En définitive, l’Alpha Légion est à mon sens une armée à part entière plus qu’une simple sous-faction. Elle dispose aujourd’hui d’un background étoffé et profond, d’un style de jeu bien à elle, et d’un charisme suffisant pour devenir un mème internet, ce qui atteste de sa popularité. Les joueurs Alpha Légion sont autant de facette indépendante d’une même entité que les sont les soldats de cette armée. Une diversité qui fait sa force et autorise toutes les visions et tous les projets.
Et en extrapolant, je pense véritablement que toutes les légions originelles, qu’elles soient Chaotiques ou Loyaliste mériteraient d’avoir un codex dédié. Que ce soit les Imperial Fist et les Iron Warriors en tant que spécialistes de la Poliorcétique, les Emperors Childrens avec leurs armes soniques, les World Eaters et leur sauvagerie naturelle, ou encore les White Scars et leur amour de la vitesse. Les Space Marines sont tous d’une richesse formidable, et j’ai toujours trouvé dommage ce traitement à deux vitesses entre les Légions. Fort heureusement, la sortie en V7-V8 de codex comme les Thousands Sons, la Death Watch, ou la Death Guard laisse espérer que dans l’avenir nous pourrons également profiter d’un livre orné d’une Hydre stylisée.
Sur ce, je vous dis à bientôt, et n’oubliez pas, je ne suis pas Alpharius car en vérité NOUS sommes Alpharius !
Sources :
1. Tiré de l’Index Astartes IV : The Enemy Within
2. Tiré du Codex Space Marines du Chaos (2002)
3. Tiré de Légion de Dan Abnett
Bah moi je suis Omégon /